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Leadership d’expert : quand l’avis externe fragilise la posture


Ce que je vis 

(et que je n’ose pas toujours nommer)


Je suis compétent(e). Reconnue(e). Mon avis compte.

Et pourtant, quand on demande un second avis — externe ou complémentaire — je sens une tension.

Ce n’est pas de l’orgueil.

C’est plus subtil : une impression d’être questionné(e). De ne pas suffire.

Et cela me dérange. Parfois même, cela m’agace.

Je veux rester collaboratif(ve). Mais intérieurement, une voix me dit :

"Pourquoi ai-je besoin d’être validé par un tiers ? Mon point de vue n’était-il pas assez clair ?”

Et si cette crispation disait moins quelque chose de l’autre… que de ma relation à mon propre savoir?

Le discours intérieur qui sabote l'action


Dans ces moments, l’ego professionnel parle bas, mais fort :

  • « Mon expertise est remise en cause. »
  • « On ne me fait pas totalement confiance. »
  • « Je suis censé(e) avoir toutes les réponses. »

Ces pensées ne sont pas toxiques en soi.

Elles révèlent un attachement naturel à l’influence, au statut, au rôle.

Mais elles peuvent créer de la résistance, voire un besoin de sur-justification qui nuit à l’impact réel.

Et derrière cette tension, une croyance :

Ma valeur repose sur ma capacité à tout maîtriser.

Changer de regard pour changer de posture


Voici quelques points d’appui pour adopter une posture plus stratégique et apaisée :

  • Quelle est la part de moi qui a besoin d’être la seule référence ?
  • Suis-je en train de contribuer à trouver la meilleure solution… ou de défendre mon territoire ?
  • Et si faire appel à d’autres voix était un signe de maturité de l’écosystème — pas une menace pour moi ?
  • Quel type de leader je deviens quand j’accueille sans m’effacer ?

Un expert stratégique ne cherche pas à être le seul.

Il cherche à élever la qualité des décisions.

Et parfois, cela implique de partager la lumière, sans s’éteindre.

Des outils pour agir dès maintenant


1. Identifier votre “Zone of Genius”

Prenez un temps d’introspection pour différencier :

Ce que vous faites parce que vous êtes bon (zone d’excellence),

De ce que vous faites parce que vous êtes unique à le faire avec impact et aisance (zone de génie).


Dans les situations où un autre expert est sollicité, demandez-vous :

Suis-je dans ma zone de génie… ou dans une zone où je cherche à prouver ?

📘 À lire  : The Big Leap – Gay Hendricks


2. Identifier votre “Narratif égotique”

Quand vous sentez une crispation, posez cette question en toute honnêteté :

“Quelle histoire suis-je en train de raconter sur moi-même… et que j’aimerais qu’on valide ici ?”


Cela vous permet de reprendre de la hauteur et de réinvestir une posture d’humilité stratégique, sans abandonner votre légitimité.

📘 À lire : Ego is the Enemy – Ryan Holiday

Le mot du coach


Plus vous êtes reconnu(e) pour votre expertise, plus il est tentant de la défendre.

Mais à un certain niveau, votre pouvoir ne réside plus dans la précision de vos réponses, mais dans la qualité de votre présence, de vos cadrages, de vos arbitrages.

Vous n’êtes pas moins expert(e) quand vous faites une place à d’autres voix.

Vous devenez chef d’orchestre, et non plus solo virtuose.

Et cela, c’est une autre forme d’autorité : plus profonde, plus sereine, plus stratégique.

S'excuser de briller?